6263,47 mètres : telle est la mesure exacte de l’altitude du sommet du volcan équatorien Chimborazo par rapport au niveau de la mer, obtenue dans le cadre de la 3e mission géodésique franco-équatorienne et annoncée le 5 avril à Quito. Les chercheurs confirment ainsi que ce sommet reste le point le plus éloigné du centre de la Terre, situé à 6 384 415, 98 mètres. [...]

La géodésie au cœur d’une aventure franco-équatorienne

Lors de l’ascension du Chimborazo, les chercheurs ont réalisé la mesure exacte, au centimètre près, du sommet, grâce à une technique de dernière génération, utilisée pour déterminer l’altitude du Mont Blanc : la géodésie. Science qui étudie la forme et les dimensions de la Terre, la géodésie permet de réaliser différentes cartographies, navigations et applications géophysiques.

 Information parue dans les actualités de l'IRD le 6 avril 2016

Grâce à de bonnes conditions météorologiques, l’équipe a pu fixer une antenne GPS au sommet du volcan, et acquérir, pendant deux heures, les signaux des satellites GNSS (Global Navigation Satellite System , ou système de positionnement par satellites), nécessaires à la réalisation de la mesure. [...]

Systèmes GNSS : d’un usage militaire à un outil de surveillance de la dynamique terrestre
Jean-Mathieu Nocquet, chercheur à l’IRD (UMR GEOAZUR)

"Si les applications quotidiennes des systèmes GNSS sont bien connues, en particulier grâce à la puce GPS incluse dans les smartphones, les scientifiques ont développé des méthodologies pour transformer une technologie de précision métrique à but militaire à l’origine, en un outil de précision millimétrique de surveillance de la dynamique planétaire .

Cette avancée technologique a conduit à une véritable "révolution" dans le domaine des sciences de la Terre : dans les années 90, les chercheurs ont d'abord pu mesurer les mouvements des plaques tectoniques et les déplacements des grands séismes . Ensuite, on a pu suivre la perturbation des champs de vitesses induite par l'accumulation des contraintes sur les failles, avant les séismes.

Même si la prédiction des séismes reste hors de portée des scientifiques pour l’instant, les mesures géodésiques permettent de connaître les failles les plus dangereuses et d'évaluer la probabilité d’occurrence future de grands séismes .

Enfin, les mesures GNSS ont ouvert un champ disciplinaire nouveau, celui des processus "silencieux" (n'émettant pas d'ondes sismiques) qui relâchent les contraintes sur les failles. Ces processus ont été découverts en 2001 au Japon et à l'ouest du Canada. Ils n'avaient jamais été identifiés le long des 6000 km de la grande frontière de plaque entre le Pacifique et l'Amérique du Sud. Dans le cadre d'un projet financé par l’IRD et l'Agence nationale de la recherche (ANR), nous avons découvert en 2010 le premier de ces processus en Equateur (Vallée et al., JGR, 2013). Puis, dans le cadre de la thèse d'un étudiant péruvien financée par l'IRD, nous avons mis au jour un  nouveau processus au nord du Pérou en 2016. C’est la première séquence qui allie processus silencieux et séismes, alors que ces deux catégories n’avaient jusqu’alors été observées que séparément (Villegas et al., Nature Geoscience, 2016). Nous montrons ainsi que les deux processus interagissent de manière complexe au cours de la séquence."

Pour en savoir plus :

http://renag.unice.fr/regal/PERSO/JMN/